Il y a 11 ans jour pour jour que la délégation de l’équipe nationale du Togo en route vers la CAN 2010 a été attaquée à Cabinda par les rebelles du FLEC. 11 ans après le drame, les souvenirs restent encore.
Trois morts dont Amélété Abalo et Stan Ocloo et neuf blessés, c’est le triste bilan qui a été établi à propos de la tuerie de Cabinda. La mémoire collective retient que le Togo n’aura jamais participé à cette édition de la Coupe d’Afrique des Nations qui a eu lieu en Angola.
Une autre victime, Kodjovi Obilale gardien réserve de la sélection togolaise s’en est sorti avec un handicap éternel. Il tente de noyer sa mésaventure dans un ouvrage qui décrit le drame. « Un destin foudroyé », c’est le titre. Kodjovi Obilale y décrit l’enfer du théâtre dans un récit qui fait encore froid au dos.
Extrait : pages 117 -119
«Soudain un bruit violent vient stopper toutes les discussions dans le bus. Je n’ai pas le temps de comprendre de quoi il s’agit que je ressens comme une énorme décharge électrique dans le bas du dos. C’est la panique dans le bus. Aux cris se mêlent des centaines de détonation, comme une pétarade qui ne s’arrête pas. Les balles sifflent autour de nous dans tous les sens. Quelques vitres éclatent mais pas la mienne. Le bus poursuit sa route quelques centaines de mètres avant de s’immobiliser. Le chauffeur s’effondre, du sang partout sur le cou et le visage. Autour, ca canarde dans tous les sens, impossible de voir d’où vient l’assaut. Les joueurs se jettent à terre, entre les sièges ou dans l allée centrale. J’essaie d’en faire autant mais mon corps ne répond déjà plus. Les bras fonctionnent mais le reste … Je me débats, je suis une cible idéale avec mon tee-shirt rouge. La panique monte, je me vois tiré comme un vulgaire lapin. Mon voisin Kpatoumbi, d’un geste militaire sûr, se relève et se jette sur moi. Il me ratatine sur mon siège avant de me glisser plus délicatement au sol. Mais il n’y a pas beaucoup de place. La position est inconfortable. Mon dos me fait atrocement souffrir. Je parviens à y glisser ma main. Un gros trou au niveau des reins, du sang partout. Je suffoque avant de crier à mes camarades : << Je suis touché ! Je veux voir mes enfants, je veux rentrer à la maison! Laissez-moi voir mes enfants… Mes enfants …» Puis il pourvoit.
«… J ai tout du moribond sur le point de rendre son dernier souffle mais rien ne m échappe. Je vois distinctement l’attaché de presse (Stanislas Ocloo) et notre coach Amelete Abalo. Ils ont l’air encore plus mal en point que moi. Ils sont étendus sur la route. C’ est la dernière fois que je les vois vivants, j en ai la certitude.»
11 ans après la vilaine aventure, plusieurs questions demeurent qui méritent réponses afin que les familles fassent le deuil de ce qu’ils ont vécues.
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