Autant nous serons toujours présents à lever le voile sur ce qui ne tourne pas rond sur ce lopin de terre qui nous sert de patrie et que nous avons indivis, sportivement parlant du moins en ce qui concerne le football, autant nous nous en voudrions de faire preuve de malhonnêteté, si périodiquement les fils et filles de cette chère Nation s’illustrent sur des théâtres où, d’emblée, on ne les voyait pas hisser si haut le nom de notre cher pays. Pour une fois de plus, nous voudrions dire à tous, tout l’espoir, toute l’espérance que nous portons pour la sélection nationale des Éperviers Dames du Togo.
À présent que l’équipe nationale féminine du Togo est rentrée de son aventure continentale, une première du rang, peut-être faudra-t-il que les uns et les autres s’asseyent pour faire le bilan de ce qui a marché et de ce qui ne l’a pas, de ce qui nous a permis de pouvoir figurer à cette compétition sans nous ridiculiser, mais également de ce qu’il faudra entretenir surtout, puis améliorer, pour ne pas laisser en si bon chemin, le chantier entamé et qui mérite que l’on se mît à nourrir des « certitudes d’espérance », selon les mots du professeur Béninois de regrettée mémoire, Albert Tévoédjrè.
Aux termes de la première sortie des Éperviers Dames face à la Tunisie, les Togolais, nous en premier à cette tribune, avions vacillé dans notre foi à penser que définitivement, les Éperviers Dames seraient la dernière Nation à classer à la fin de cette compétition, surtout en considération des torrents de buts que l’on avait commencé à encaisser. Puis on a été surpris de voir la bande à Tomety Kaï, mener la vie dure aux Lionnes Indomptables qui s’étaient proposées de « prendre du plaisir face au Togo », ainsi que s’exprimait Ajara Nchout, avant-centre du Cameroun et sociétaire de l’Inter Milan. Le Togo a même ouvert le score, fermé la route aux félins du Cameroun en leur imposant d’ailleurs son rythme, à un moment de la partie. À la limite de l’agacement, les supporters du Cameroun avaient pensé se trouver dans un vilain cauchemar. Pourtant, ils vivaient une poignante réalité d’un Togo annoncé comme prenable mais qui tire ses forces on ne sait d’où, sinon du patriotisme de onze sœurs décidées à laisser leurs empreintes, sur la 12ème édition de la grand-messe continentale. Avec ce nul d’un but partout, le Togo venait de remporter sa « première victoire ». Victoire d’avoir cru en sa qualification face à São Tomé et face aux Panthères du Gabon, victoire d’avoir bien voulu aller au charbon marocain en sachant que le niveau n’y était pas, en considération du rendez-vous ; puis enfin, victoire d’avoir su se relever après avoir été déculotté d’entrée par les adversaires de la Tunisie.
La fibre patriotique quelque peu endormie chez les supporters restés au pays, s’est réveillée, l’espace d’une soirée, de Djankassè à Cinkassé et l’on était de nouveau fier, d’appartenir au Togo. Nous ferons économie de lister ici des noms, au risque de ne pas mentionner certaines qui seules, savent ce qu’elles ont donné ce jour là, pour en arriver à ce résultat. La troisième sortie face à la Zambie, malgré le résultat obtenu était tout autant une intéressante et respectable bataille menée par Tomety Kaï et sa bande. Nous disons bravo à tout ce monde là, alors que quelque part dans notre tête, retentît cette portion de l’hymne de l’Empire du Wassoulou de Samory Touré qui tombe sous le coup : « Si tu ne peux protéger le peuple et braver l’ennemi,
Donne ton sabre de guerre aux Femmes,
qui t’indiqueront le chemin de l’honneur. »
L’honneur, les Éperviers Dames l’ont préservé, au-delà même de ce qui était attendu d’elles et c’est ce qui devrait nous pousser à croire au football féminin togolais en général et à lui assurer comme cela se doit, le moyen d’éclore sans réserve.
Et ensuite… ?
Maintenant que le Togo est rentré de son expédition, que chacun pourra s’offrir un repos bien mérité et que sporadiquement s’éveillera en chaque esprit quelques brefs scénarii de la fête, plus importantes seront les résolutions que chacun en ce qui le concerne, saura prendre pour continuer à bâtir ce football féminin qui, à bien des égards, a envie de tutoyer presque le football des garçons, toutes catégories confondues. Il faudra que les premiers responsables croient davantage qu’ils ne l’affirment en un meilleur lendemain du football des Dames, que concrètement, soit revu le format qu’adopte le championnat afin de permettre aux Dames de relever leur niveau, que l’encadrement des différentes sélections nationales soit envisagé, au diapason des Nations les plus cotées.
La fière chandelle pour la Fédération Togolaise de Football
À cette Fédération Togolaise de Football menée par le Colonel Gbézondé Akpovy, nous voudrions tirer chapeau. Tirer sincèrement chapeau pour la façon dont elle se démène pour gérer les affaires depuis un moment. En fixant à tout hasard comme point de départ les éliminatoires qui ont conduit les Éperviers Dames à s’offrir ce ticket historique pour la grand-messe continentale, jamais sur ce parcours, nous n’avons vraiment eu échos de problèmes de primes de match, ou de préparatifs, même si jamais nulle part, rien n’a jamais été parfait. Nous avons même été surpris surpris que nos sœurs de la République des Hommes Intègres, désabusées par les préparatifs qui leur ont été servis dans le cadre de la 12ème édition de la CAN féminine se sont trouvées si négligées, qu’elles ont pensé que même les joueuses togolaises pouvaient les « gérer » ; c’était le mot employé par la joueuse burkinabé. Cela flatte sincèrement l’égo et « à tout seigneur, tout honneur », merci au Président de la République, Monsieur Faure Gnassingbé qui a bien voulu octroyer cette encourageante prime dont la somme suscite de l’admiration, au-delà de nos frontières. Nous lui disons merci, sans doute parce que nous reviendrons en demander.
L’occasion faisant le larron, nous voulons également tirer fière chandelle à Dame Lidi-Bessi Kama dont le passage à la tête du ministère des Sports porte une remarquable touche et qui sera retenu par l’histoire. Pour sa présence aux côtés des athlètes toutes disciplines confondues, pour sa faculté à croire en eux mieux que les concernés même et pour tout ce qui sans doute reste encore caché dans son agenda, nous disons également, merci.
Bravo disions-nous donc cette même Fédération Togolaise de Football qui a instauré une telle cadence dans ses prérogatives, qu’elle en est même à donner le tournis à ceux qui voudraient bien suivre vraiment toutes ses activités. Presque toutes les catégories sont mises en selle et même si les résultats ne sont pas au rendez-vous escompté, le mérite d’avoir entamé est à saluer.
Le Togo espère sincèrement de toutes ses filles et de tous ses fils, que par leurs actions, il puissent fièrement trôner au banquet du concert des Nations. À chacun de lui assurer de pouvoir y figurer et surtout du bon côté de l’histoire, quel qu’en soit le domaine.
Arnaud BOCCO
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