Originaire du Togo, Meheza Walla est bénévole et chauffeur sur ces JO. Basé en Allemagne, cet ingénieur en radio-télécommunication vit un rêve à Paris. Il nous plonge au cœur de ses missions. Entretien.
“Bonjour Meheza ! Comment vous êtes-vous retrouvé en tant que bénévole aux JO ?
J’aime le sport et j’ai déjà vécu beaucoup d’événements sportifs en tant que bénévole. Dès que j’ai vu l’annonce pour les JO, je me suis précipité pour postuler en ligne.
Résultat, vous avez été retenu mais comme bénévole conducteur. Etait-ce ce que vous espériez ?
Non ! J’ai postulé pour des activités liées à l’athlétisme. Pour être proche des athlètes et à leurs petits soins. Malheureusement il y a eu beaucoup de candidatures et j’étais sur la liste d’attente.
Un jour, je reçois un coup de fil m’annonçant qu’il y a de la place pour être bénévole chauffeur. J’ai bondi sur l’occasion. Le plus important pour moi, c’est le contact humain.
Parlez-nous du quotidien d’un bénévole chauffeur ?
En amont on a déjà un programme spécifique. Là, je travaille aujourd’hui (lundi 5 août NDLR) de 6h à 14h30.
J’arrive un peu plus tôt pour contrôler la voiture. Je m’assure que le copain bénévole qui l’a déposé la veille a fait le plein et si la batterie est chargée.
Il y a un régulateur qui s’occupe de tout et qui nous contacte à travers un téléphone qui nous a été octroyé.
Par exemple, ce matin, j’ai été envoyé dans un hôtel pour chercher une délégation de Grenade. Direction le Stade De France.
Une fois la mission accomplie, je rappelle le régulateur qui m’envoie ensuite au village olympique.
Là, je devais chercher un athlète déjà éliminé pour l’escorter jusqu’à la gare du nord. C’est un Anglais d’origine sud-africaine. Nous avons beaucoup échangé et appris l’un de l’autre.
Apparemment, de nombreux bénévoles ne résident pas en France…
Effectivement, certains sont venus de loin, tout spécialement pour être bénévoles. Je connais un Gabonais, un Camerounais et même des Américains.
Je me suis d’ailleurs retrouvé le premier jour de formation avec trois Américains venus pour la première fois sur Paris.
Y-a-t-il de l’argent à gagner ?
Non, il n’y a pas de paiement. Un bénévole n’est pas rémunéré. Ce qu’on aime, c’est la reconnaissance d’avoir une tenue. Nous avons été entièrement habillés : chaussures, pantalons, chemises, casquette, sac, banane, une montre connectée. C’est sympa !
Tu te sens un tout petit peu privilégié. On n’en trouve pas sur le marché. Des gens nous proposent des prix incroyables pour les avoir. Mon chapeau par exemple se retrouve sur internet à 250 Euros !
ETes-vous tenté de les vendre après les Jeux ?
Non, ça n’arrivera pas. C’est incroyable ce qu’on vit. Je vais les garder, ce sont mes souvenirs.
Vous êtes ingénieur en radio-télécommunication de profession. Comment vivez-vous dans cette bulle olympique ?
J’aime dire : il y a le boulot et après, il y a la vie. C’est un boulot très stressant que le mien. C’est pour cela que j’adore le sport, c’est une échappatoire.
J’ai fait des images et des vidéos. Ma fille de 15 ans est fière de moi. Elle m’a dit, la prochaine fois, inscris-moi. De par la joie dans mon regard, elle a tout juste eu envie.
Est-ce votre première expérience dans le sport ?
Pas tout à fait. J’ai fait le marathon des Sables qui est une course à étapes dans le désert marocain. C’est une épreuve qui est très difficile, mais un moment de retrouvailles avec soi. On s’est retrouvé durant sept jours, à vouloir survivre, c’est-à-dire boire, manger, courir et dormir. Je l’ai fait en tant que volontaire en 2015 puis en tant que participant en 2016”.
Photo : JO Paris 2024
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