Plusieurs athlètes nés hors du continent mais ayant des origines africaines, portent les couleurs du continent aux JO de Paris. D’autres talents, en revanche, nés en Afrique sont attirés par certaines nations, prêtes à investir financièrement pour des médailles.
Finale du 3000 m steeple femmes, le 6 août au Stade De France. Parmi les concurrentes pour le podium, une certaine Winfred Mutile. L’athlète noire mène le peloton dans les derniers 200 m et remporte la médaille d’or. Dans cette épreuve de demi-fond, on aurait vite fait de célébrer une médaille pour l’Afrique. Hélas ! C’est une victoire pour le Bahreïn. Originaire du Kenya, elle offre à ce pays du golfe de 1,6 million d’habitants, la 3e médaille d’or de son histoire. Née au Kenya, Winfred Mutile, 24 ans court depuis 2015 pour le Bahreïn.
Au Stade De France, il est fréquent de voir des athlètes d’origines africaines courir pour d’autres pays, notamment ceux du golfe : Qatar, Bahreïn, Koweït. En 2016 par exemple, 23 athlètes africains ont été naturalisés par le Bahreïn pour les courses de fond et demi-fond.
Ils viennent pour la plupart d’Afrique de l’Est. Attirés par des primes pharaoniques, ces jeunes talents n’hésitent pas à aller voir ailleurs. La compétition devient alors acharnée aux mondiaux et aux JO. Kenyans, Ethiopiens ou Marocains voyants leurs propres frères leur imposer une concurrence rude dans la course aux médailles.
C’est peut-être un juste retour pour l’Afrique. Car à l’inverse, elle enregistre des renforts venant principalement d’Europe. Plusieurs jeunes athlètes, nés loin du continent, n’hésitent plus à défendre les couleurs du pays de la mère ou du père. Les exemples aux JO de Paris sont nombreux.
Fabio Rakotoarimanana, ex-joueur de l’équipe de France U17, devenu le premier pongiste malgache à disputer les JO. Marine Fatoumata Camara, née en France, première boxeuse malienne aux JO. Evann Aba, escrimeur franco-nigérien, 19 ans représentant du Niger à Paris, une première. Maxine Isabel Esteban, née aux Philippines, aux couleurs de la Cote d’Ivoire.
La plus emblématique, l’Algérienne Kaylia Nemour, devenue la première gymnaste africaine sacrée aux Jeux. Privée de compétition par la France à quelques mois des JO, elle prend la nationalité sportive algérienne et décroche la première médaille d’or pour l’Algérie et pour l’Afrique.
Oui, il y a des motivations sportives dominantes. Mais pas toujours. Les athlètes binationaux qui butent en effet sur les minima en Europe y voient en l’Afrique, une opportunité de participer aux mondiaux ou aux Jeux Olympiques. Pour la plupart des cas, il s’agit donc d’un choix stratégique dans des disciplines où les places sont chères ailleurs.
Bernabé Kabré
Oméga Médias – Burkina Faso
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